Escapade à Rouen – Jour 1

Gros-Horloge et cathédrale

Une première journée de promenade vers les lieux les plus emblématiques de la ville, saupoudrée de quelques pauses bien gourmandes.

© Stefane Buvot

Pause-café

Débarqué fraîchement du train, vous quittez la gare Art déco et empruntez face à vous la rue Jeanne-d’Arc. Le ton est donné. Première arrêt au Métropole pour un café en tête-à-tête, comme jadis Sartre retrouvant Beauvoir alors prof de philo à Rouen. Rien ne semble avoir changé. Carrelage mosaïque, banquette d’époque et poste radio d’un autre temps, l’endroit est resté dans son jus, ce qui lui confère tout son charme.

À quelques pas, se dresse un donjon, dernier vestige du château de Rouen et aujourd’hui cadre d’un escape game épatant qui vous plonge virtuellement dans la guerre de Cent Ans. Le jeu est accessible à des équipes de 3 à 6 joueurs ; on vous conseille de réserver quelques jours avant si vous avez envie de tenter l’expérience. Pour la grande histoire, c’est dans ce donjon que fut interrogée Jeanne d’Arc. La tour dans laquelle elle fut tenue prisonnière n’existe plus.

Bouffée d'art

La rue Jeanne-d’Arc vous amène jusqu’au square Verdrel. Rejoignez le grand stabile (un mobile sur pied) d’Alexander Calder. En face se trouve le musée des Beaux-Arts. Ouvert en 1809, élégamment rénové par Andrée Putman en 1994, il abrite l’une des plus grandes collections d’œuvres impressionnistes de France et plus largement un très bel ensemble d’œuvres allant de la Renaissance à nos jours. La richesse de ce musée nous a véritablement surpris, comptez bien deux heures si vous souhaitez en faire le tour complet. Retrouvez toutes les infos pratiques ici.

Premières impressions

Les plus pressés se rendront directement au second étage du musée, dans les salles impressionnistes, pour admirer les tableaux de Sisley, Degas, Caillebotte… et bien sûr Monet. L’une des vingt-huit versions de sa célèbre série sur la cathédrale y est exposée, tout comme la Vue générale de Rouen.

Attention chefs-d’œuvre

Chacun s’émouvra sur quelques toiles particulières mais parmi toutes les peintures exposées, il en est certaines qui méritent un peu d’attention. On citera la Flagellation du Christ du Caravage, le Démocrite de Vélasquez, le retable de la Vierge entre les Vierges du peintre hollandais Gérard David, un magnifique autoportrait de Delacroix ou encore Paul Alexandre devant un vitrage de Modigliani. 

Normands à l’honneur

Qu’ont en commun Nicolas Poussin, Théodore Géricault et la famille Duchamp, Claude Monet, Eugène Boudin ou encore Raoul Duffy ? Tous sont nés en Normandie et certaines de leurs œuvres sont exposées dans le musée. Légendes et personnages normands sont aussi à l’honneur. À vous de retrouvez Jeanne d’Arc, madame Bovary ou encore les pauvres énervés de Jumièges.

Couteaux au comptoir

Pour débattre de votre tableau favori tout en savourant de bons petits plats, nous vous proposons deux agréables adresses. La première, le restaurant In Situ, étale sa terrasse aux abords du square Vedrel. La formule du jour sur l’ardoise met en musique les produits de saison à un prix tout à fait raisonnable. À la carte, on trouve une exquise salade de truite d’Acquigny ou encore un carré de cochon fermier de Normandie en croûte d’herbes.

Autre lieu, autre ambiance. Après un détour par la rue des Bons-Enfants pour admirer les maisons à colombage, on emprunte la jolie rue Cauchoise jusqu’à la place du Vieux-Marché. Et on s’attable, sans chichi, au Comptoir des Halles pour un plateau de fruits de mer, une sole meunière, une assiette de couteaux ou simplement quelques huîtres bien fraîches. L’ardoise change tous les jours selon arrivage, et l’on a vite fait de prendre le lieu pour cantine.

Place du bûcher

Voilà un des coins les plus animés de la ville ! Dès le printemps, la place du Vieux-Marché, ou place du Vieux comme on l’appelle ici, se couvre de grandes terrasses. Les Rouennais sont nombreux à s’y retrouver en fin de journée, pour un verre ou quelques courses dans les halles. Tout autour, des maisons à pans de bois lui donnent un cachet certain, comme la Couronne, fondée en 1345, et de fait plus vieille auberge de France.

On en oublierait presque qu’ici même, il y a six siècles, fut brûlée vive Jeanne d’Arc. Tout près de l’immense croix, une pancarte indique l’emplacement exact du bûcher et le toit des halles symbolise non pas des écailles de dragon mais les flammes du bucher (on s’est posé la question). Construite elle aussi en béton et en ardoise, l’église Sainte-Jeanne-d’Arc dénote franchement avec l’ambiance médiévale de la place. Chacun sera libre d’apprécier ou non cet ensemble architectural des années soixante-dix, mais tout le monde devrait pouvoir s’accorder sur la beauté des immenses vitraux, récupérées sur l’église Saint-Vincent après qu’elle fut détruite par les bombardements de 1944.

Lego® et trous d’obus

Gravement endommagé lors de la Seconde Guerre mondiale, le palais de justice a quant à lui été presque entièrement reconstruit à l’identique. Et c’est tant mieux car ce long bâtiment qui abrite aussi le parlement de Normandie est une pure merveille d’architecture gothique. Admirez la pierre ciselée et les tourelles, et cherchez licornes et dragons. Vous serez certainement surpris d’apercevoir les célèbres briques multicolores encastrées dans la façade. C’est l’artiste plasticien franco-allemand Jan Vormann qui a ainsi bouché les trous d’obus, toujours apparents côté rue Saint-Lô. Une façon inventive de mettre en valeur ces tristes vestiges de la guerre.

Une oie, deux ours

Après avoir fait le tour du palais de justice, entrez dans la toute mignonne rue Massacre, bien connue des Rouennais pour ses jolies façades et ses installations d’objets suspendus. Son nom glaçant vient des bouchers qui s’y installèrent pendant plusieurs siècles. Comme les gantiers dans la rue Ganterie ou les vendeurs de volailles tout près de la rue aux Ours… « ours » étant autrefois le pluriel du mot oie. Autre réponse aux curieux : c’est le portrait du chanteur Dominique Labouée, fondateur du groupe de rock rouennais les Dogs, qui s’expose sur l’un des murs de la rue. Et c’est le pochoiriste Jef Aérosol qui l’a réalisé.

Quel jour sommes-nous ?

Après la place du Vieux, la rue du Gros ! Bordée de belles maisons à colombage, c’est la première rue piétonne de France et l’une des plus commerçantes de la ville. Vous y serez donc rarement seul en pleine journée. De son nom complet la rue du Gros-Horloge, elle tient son nom de l’horloge étincelante, installée sur les deux faces d’une arche qui la surplombe. On vous conseille vivement la visite du beffroi attenant au Gros-Horloge, qui offre des vues originales sur la ville. Et même si l’horloge fonctionne depuis 1920 à l’électricité, vous pourrez approcher son mécanisme vieux de 600 ans. D’ailleurs observez bien le cadran Renaissance, il ne comporte qu’une unique aiguille pour indiquer l’heure, ça devait bien suffire à l’époque, et un beau semainier. Chaque jour, un nouveau dieu romain se dévoile : Mars le mardi, Mercure le mercredi, Jupiter le jeudi… Retrouvez toutes les informations pratiques ici.

Vue sur cathédrale

Au bout de la rue du Gros-Horloge apparaît, grandiose et immense, Notre-Dame de Rouen, Ses dimensions sont pour le moins impressionnantes. Avec sa flèche en fonte qui culmine à 151 mètres, elle est la plus haute cathédrale de France et la quatrième plus haute du monde. On reste subjugué devant la richesse du décor sculpté et les tonalités que prend cette pierre de craie avec la lumière. Pas étonnant que ce chef-d’œuvre gothique ait inspiré à Claude Monet une trentaine de tableaux, aujourd’hui éparpillés dans les plus grands musées du monde entier.

Sa particularité vient aussi de son asymétrie. D’un côté, la tour Saint-Romain, édifiée au XIIe siècle, est la plus ancienne. De l’autre, la prestigieuse tour de Beurre, construite avec l’argent que les fidèles donnaient en échange de dispense pendant le carême pour manger lait et beurre. Son style flamboyant est à la hauteur de la gourmandise des habitants de Rouen.

Chaque été, la façade de la cathédrale s’illumine le temps d’un spectacle son et lumière. Un rendez-vous à ne pas manquer. Pour connaître les horaires et les thèmes de l’année, c’est par là.

Gisants et cœur de roi

Quelle magnifique harmonie se dégage de la nef ! Promenez-vous dans les allées jusqu’au très bel escalier en pierre, à gauche du transept. Puis avancez dans le déambulatoire pour approchez le gisant de Rollon, viking et fondateur du duché de Normandie. Mais aussi celui de Richard Cœur de Lion, duc de Normandie et roi d’Angleterre. Son corps est enterré en l’abbaye de Fontevraud mais son cœur embaumé se trouve bien ici, comme il l’avait souhaité lui-même, « en remembrance d’amour pour la Normandie ».

Cake d’amour

Contournez la cathédrale sur votre gauche et engagez-vous dans la rue Saint-Romain qui aligne de très anciennes maisons à pans de bois, certaines datant du XVe siècle. C’est le moment de lever le nez, mais pas trop longtemps. Sur votre gauche, une maison de poupée aligne en vitrine tartes et douceurs qui semblent préparées par Peau d’Âne ou la fée Pâquerette dans Cendrillon. Préférez la salle au premier étage, plus spacieuse, ou la cour intérieure de ce salon de thé réputé de Rouen : Dame Cakes.

Shopping et colombage

Continuez la rue Saint-Romain et aventurez-vous dans la minuscule rue des Chanoines, sur votre gauche, un petit monde biscornu et une parenthèse de calme, avant d’arriver dans la commerçante rue Saint-Nicolas. Là encore, cherchez les petits détails, admirez les façades. Rouen collectionne, comme nulle autre, les maisons à pans de bois. Il y en aurait plus de 2000 dans le centre-ville, certaines datant du Moyen Âge.

Au n°24 se trouve une drôle de boutique-appartement, la Maison Blondie, qui propose plein de jolis objets made in France pour décorer votre intérieur ainsi que toutes sortes de bijoux originaux. Au n°51, on ne présente plus la marque rouennaise Paul Marius et ses sacs et cartables en cuir, au look vintage.

À votre gauche, la rue des Carmes vous ramène devant l’office du tourisme de Rouen et juste en face, à la cathédrale. L’occasion d’admirer sa façade sous une autre lumière, comme le fit Monet en son temps.

Le long des quais

Descendez tout droit vers la Seine et empruntez le pont Boieldieu. Sur votre gauche pointe le bout de l’île Lacroix. Depuis une dizaine d’années, les anciens parkings de la rive gauche ont laissé place à des jardins et une immense pelouse, bordés d’une agréable promenade. Vous pouvez tranquillement flâner, prendre un verre à l’un des food trucks ou filer jusqu’au pont levant Gustave-Flaubert. Puis repartir en sens inverse côté rive droite, le long des hangars réhabilités en restaurants et cafés. Comptez une heure et demie pour la boucle complète. Vous pouvez aussi très bien vous asseoir au bord de l’eau et contempler le soleil se coucher sur la Seine. C’est pas mal non plus.

Les petits plats dans les grands

Il y a de très bonnes tables à Rouen. Tout près de la place du Vieux-Marché, un pâté de maisons concentre à lui seul deux excellentes adresses. La plus originale est sans nul doute Cancan et ses assiettes à la mise en scène travaillée. L’atmosphère est détendue, les prix raisonnables pour une cuisine résolument gastronomique. Au 6e Sens, l’ancienne cave voûtée est idéale pour un dîner raffiné en amoureux. Mention spéciale pour les cocktails, les desserts excellents et le service de click & collect ! Car oui, une sélection de plats et boissons peut-être retirée après commande. De quoi faire un pique-nique on ne peut plus chic.

Rouen pratique

  • OrientationSe repérer

    Le centre historique de Rouen est délimité au sud par la Seine, à l’est par la colline Sainte-Catherine, puis tout autour par la D928. En son centre se trouve l’abbatiale Saint-Ouen.

  • Visiter

    La grande majorité des musées de Rouen, comme celui des Beaux-arts, est gratuit, tout comme le spectacle son et lumière sur la cathédrale, chaque été.

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