Le Cotentin en hiver – Étape 3

La côte des Isles

Les falaises déchiquetées de La Hague laissent doucement place à de grandes dunes herbeuses et des plages immenses. À l’horizon, les îles anglo-normandes !

Exotisme à Vauville

22 km / 24 min de Cherbourg

Vous n’avez pas officiellement quitté la région de La Hague et pourtant le changement est saisissant. Les falaises ont disparu, le vent s’est calmé, vous voilà devant une ample baie, avec au sud le cap de Flamanville. Pour peu que ce soit marée basse et la plage vous semblera sans fin de tous les côtés. C’est l’occasion rêvée de s’offrir une belle balade sur le sable mouillé.

Toujours à Vauville, à l’abri des embruns, un jardin extraordinaire s’épanouit au pied d’un manoir aux allures de château écossais. Profitant de l’influence du Gulf Stream, des centaines d’espèces différentes de plantes et d’arbres exotiques poussent ici paisiblement. À l’origine de ce paradis pour voyageur, Eric Pellerin, un botaniste et parfumeur, qui rassembla, à partir des années cinquante, des plantes du monde entier. Après avoir arpenté les allées bordées d’eucalyptus, de palmiers et d’hydrangeas, vous irez saluer les animaux de races normandes ou celtiques de la ferme pédagogique puis ferez une pause dans le petit salon de thé. Toutes les infos pour la visite du jardin botanique de Vauville se trouvent par là.

Pique-nique au creux des dunes de Biville

7 km / 10 min de Vauville

Après ces promenades, il serait étonnant que votre estomac ne crie pas famine. À Vauville, le Tamarin propose de quoi se restaurer copieusement avec au menu, moules frites, gambas grillés ou pizzas au feu de bois. Plutôt envie d’une douzaine d’huitres et de quelques crevettes à piquenocher avec un verre de vin blanc ? Rendez-vous dans la cabane attenante, à l’ambiance bar de plage.

Autre possibilité : le pique nique avec vue sur l’océan. Mais il vous aura fallu le préparer en amont car il n’y a pas une épicerie dans le coin. Roulez jusqu’au village de Biville et garez-vous devant l’église. Un petit chemin vous amène en 10 minutes jusqu’à un calvaire. De là, vous avez un des panoramas les plus formidables du Cotentin : une mer de sable couverte de grandes herbes qui ondulent avec le vent. Ces dunes ont longtemps servi de terrain de jeu pour les militaires. Il reste d’ailleurs un char de combat perdu quelque part. Le conservatoire du littoral a désormais la charge du lieu. C’est que ce massif dunaire est unique. Il est d’abord l’un des plus vieux d’Europe. Et il recèle une faune et une flore fragiles. En descendant jusqu’à l’océan, ne sortez pas des chemins de sable, protégez ce petit monde caché. Évitez de déployer votre nappe à pique-nique dans les coins sauvages et préférez les environs du calvaire ou tout simplement en bas des dunes, face au grand Bleu.

Dégustation de cidre du Cotentin

16 km / 20 min de Biville

La route contourne les 700 hectares du massif dunaire puis s’enfonce dans les terres. Vous pénétrez dans le bocage normand. Ici poussent des fruits aux noms pittoresques comme ces « sans pareille », « belle fille de la Manche » ou « binet rouge ». Ce sont les pommes locales, à la base de ce cidre si particulier qu’est le cidre du Cotentin A.O.P. Le breuvage est corsé, plutôt amer, toujours peu sucré, et surtout naturellement pétillant, 100% pur jus et non pasteurisé. Les nez y humeront des notes d’herbes séchées, voire de beurre.

Deux cidreries, à quelques kilomètres l’une de l’autre, proposent des visites et dégustations toute l’année. Chez Théo Capelle, l’entreprise est familiale et l’accueil toujours chaleureux. Après avoir visité la cave et écouté les secrets de fabrication, vous pourrez profiter du verger et du jardin, saluer les ânes dans leur pré et remplir votre panier de toutes sortes de produits à base de pommes. Chez le Père Mahieu, vous découvrirez un vieux pressoir des années 30, une cave à calvados et apprendrez ce qu’est un verger en agriculture biologique. Si vous passez en hiver, vous aurez l’opportunité de vous réchauffez au Flip, un sacré remontant adapté d’une vieille recette à base de calvados et de cidre, d’oranges, de cannelle et de clous de girofle. La version normande du vin chaud.

Bain de soleil à la Potinière

27 km / 27 min des cidreries

Après le cap de Flamanville, plusieurs belles et immenses plages se succèdent de part et d’autres du cap du Rozel. Celle de Sciotot entre autres est bien connue des surfeurs comme des gourmands qui apprécient la cuisine éclectique du Sauve qui Pleut. Mais notre plage préférée est d’un autre genre. En quittant les cidreries, on vous invite à filer jusqu’à la station balnéaire de Carteret. À la Potinière, les cabines de plage, blanches et bleues, parfaitement alignées au pied de la falaise, nous ramènent au début du siècle, quand les mondains découvraient les joies et bienfaits des bains de mer. C’est le moment de sortir sa serviette de plage ou de tenter un doigt de pied dans l’eau.

Promenade au cap de Carteret

30 minutes à pied jusqu’au phare

À la fin de l’enfilade de cabines, il est possible de rejoindre le sentier des douaniers par un escalier. On peut ensuite s’offrir une agréable balade jusqu’au bout du cap de Carteret. De la pointe, montez jusqu’au phare. Vous y aurez la plus belle vue. Et pour un peu qu’il soit l’heure du coucher de soleil, elle sera tout bonnement magnifique. Au large, il n’est pas rare d’apercevoir Jersey et Guernesey. C’est d’ailleurs pour cette raison que ce littoral prend le nom de côte des Isles.

Au delà du promontoire rocheux, s’étend un nouveau massif dunaire. On parle ici de dunes perchées car elles culminent à 80 mètres. Comme à Biville, elles sont en grande partie couvertes de végétation. Le chemin descend à travers la lande jusqu’aux ruines très photogéniques d’une église dédiée à saint Germain le Scot, celui même qui évangélisa le Cotentin au Ve siècle. De là, vous pouvez descendre jusqu’à l’immense plage de sable ou continuer sur le sentier des douaniers à travers les dunes d’Hatainville. Pour rentrer, le plus simple est de rejoindre le parking du sémaphore puis d’emprunter la route des deux plages.

Dîner avec vue

Depuis la corniche, les bonnes adresses se succèdent. Le Russel a des airs de pub british et la convivialité qui va avec. On y mange une généreuse cuisine maison à toute heure de la journée ; en soirée l’ambiance est assurée.
Au P’tit Clapot, chaque bouchée a un bon goût iodé et des accents lointains. Et si on n’a pas faim d’un fish & chips ou d’un pad thaï aux crevettes, on se rabat sans hésiter sur quelques huîtres ou une salade composée.
L’étape gastronomique est un peu plus loin, dans ce grand bâtiment blanc aux allures de paquebot. L’hôtel de la Marine est une institution sur cette côte du Cotentin. Le chef cuisinier Cyril Boulais et le chef pâtissier Kevin Tiraboschi y transforment les produits du terroir en petites merveilles. Et le tout se déguste avec une vue panoramique sur le port où cohabitent plaisanciers et pêcheurs.

La côte des Isles pratique

  • Au large

    Proche des côtes, en direction du sud, c’est l’île de Jersey. Pile en face, mais plus au loin, c’est Guernesey.

  • À terre

    Pour profiter des vues à l’infini ou au contraire se baigner sans marcher des kilomètres : www.encotentin.fr/marees

Notre carnet d’adresses le long de la côte des Isles

Où dormir sur la côte des Isles

Nuit dans un fortin

Gite Fort de Vauville

Ce n’est pas tous les jours que l’on peut dormir dans un fortin du XVIIIe siècle ! De votre mini chemin de ronde, vous avez vue sur l’immense plage de sable de Vauville. Le soir venu, vous profitez du confort du petit salon, bien chauffé par un poêle. Entièrement restauré, avec cuisine et salle de bains, ce fortin est l’un des derniers maillons de la ligne de défense du Cotentin contre une éventuelle attaque des troupes anglaises. Une expérience rare.

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À partir de 85 euros, la nuit pour 2 personnes

Entre mer et jardin

Hôtel Les Ormes

C’est un petit hôtel de charme dont on aime partager l’adresse car on est sûr de l’effet escompté : tout le monde en revient ravi. L’accueil est irréprochable, les chambres petites mais douillettes, le jardin bien agréable dès que le soleil pointe son nez et la table de très bonne qualité. Certaines chambres donnent sur le port de plaisance ; on se réveille avec le bruit des mouettes et on s’endort avec le tintement des haubans.

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À partir de 116 euros, la chambre double avec petit déjeuner