Esprit d’équipe

Au départ, une envie d’aller revoir ma Normandie, puis de la raconter. Un confinement qui donne du temps pour les plaisirs perdus, l’écriture et la lecture. Et la joie de créer quelque chose avec des amis, qui sont tous bons dans ce qu’ils font.

Chloé

Mes arrières grands-parents étaient originaires du pays de Caux. Ernestine était cuisinière, Ernest, garde-champêtre. Ma grand-mère Nanou et sa sœur Lucie sont revenues plus tard en Normandie, mais dans la vallée de l’Eure. À ces femmes, je dois ma grande gourmandise et incontestablement mon amour immodéré pour la crème fraîche. Mon penchant pour tout ce qui est aussi moelleux qu’un tapis d’herbe découle sans conteste de ces après-midi d’été à Acquigny. Ma trouille des araignées aussi. Et je veux bien croire que mon goût pour la langue française dans toute sa diversité me vient en partie de ces expressions si souvent entendues : « Arrête de tigoner ta sœur ! », « Mais t’as pas d’vésouille ma fille ! », « Rentrons, le temps s’rémouque »...

Après dix ans de journalisme et presque quinze ans dans le tourisme et la communication, cette triple pause confinée a été l’occasion de me lancer un nouveau défi. Celui de transmettre ce que je connaissais de cette magnifique région et d’inspirer ceux qui n’y avaient pas encore mis les pieds en leur imaginant des itinéraires idéals, mélanges de coins confidentiels et de lieux incontournables. Puis d’aller à mon tour explorer les coins ignorés et encore une fois les raconter.
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Stefane

Ces repas du dimanche qui finissent en tarte aux pommes, ces petits sucres trempés dans le café, la toile de Jouy de la chambre au fond du grenier, la bicyclette Peugeot rouge, les yeux vikings de ma grand-mère, les œufs à la coque jaune orangé, l’odeur de terre mouillée du garde-manger, les grosses casseroles en cuivre pendues dans la cuisine, le museau démesuré des vaches, le clocher de l’église... Des années qu’il m’écoute lui raconter mes vacances passées sous les pommiers. Sans compter mon pot à lait rouillé qui trône sur l’étagère et le duo beurre-crème non négociable dans le frigo. Disons qu’il n’a pas été très étonné quand j’ai évoqué un projet sur la Normandie.

Un ancêtre né à Trouville explique sans doute sa curiosité de départ, que notre première escapade a converti en réel enthousiasme. Compagnon de tous les voyages ou presque, il a apporté son œil critique à mes choix de lieux et d’adresses, a donné de sa personne quand il a fallu goûter à tous mes essais culinaires. Mais surtout, il a su métamorphoser ce qui n’était qu’une succession de mots en quelque chose de concret. Notre duo a toujours fonctionné ainsi. Quand je vois des voyelles et des consonnes, lui voit des formes et des couleurs. Quand j’écris, lui dessine. Quand je rêve, il transforme. C’est donc sur sa tablette graphique et son écran d’ordi que ce projet est véritablement né.
www.pariskyoto.com

Delphine

Normande par son papa, élevée à la crème fraîche comme il se doit, elle a traversé un temps l’Atlantique, à l'instar sans doute de quelques ancêtres normands. Après 5 folles années au Québec, elle décide de quitter tuque et mitaines et de revenir en France. Grand bien nous en fasse puisque, dans le cas contraire, nous ne nous serions pas rencontrées. Un premier boulot ensemble me permet d’apprécier son efficacité redoutable et son caractère bien trempé.

C’est tout naturellement vers elle que je me suis tournée quand il a fallu passer aux choses sérieuses. Son métier ? Créatrice de site web. Un univers parallèle fait de lignes de code, de langages incompréhensibles par le commun des mortels et d’une bonne dose d’humour noir. Autant dire qu’il a fallu lui faire confiance un certain bout de temps. Mais quand ce site est apparu sur l’écran, que chaque clic cliquait et que chaque photo claquait, c’est une expression toute québécoise qui m’est venue à l’esprit : « Ça se peut-tu ? »
www.lesmemes.digital

Emanuela

Comme son nom l’indique, la demoiselle est d’origine italienne. Autant dire que lorsque je lui parle crème, elle comprend mascarpone, et que le beurre n’a rien à faire dans sa cuisine où trône la reine huile d’olive. Quand je suis arrivée dans son studio photo avec pont-l’évêque puant et camembert coulant, elle n’a pourtant pas bronché. Je l’ai vue fléchir devant les coquilles Saint-Jacques, s’attendrir à l’odeur des pommes qui mijotent. Et quand elle a succombé à l’escalope à la crème, j’ai estimé qu’elle n’était pas complètement perdue.

Photo de mode, photo de déco ou photo culinaire, la touche-à-tout excelle dans tous les domaines. Elle sait allier matière et lumière à la perfection et a un souci du détail certain. Quel que soit le projet, elle trouve toujours à s’amuser et s’enflammer. Un tel enthousiasme me régale à chaque fois. Pour immortaliser mes recettes normandes, elle a revêtue ses habits de Marie Poppins, élégante en toute circonstance, sortant de son sac sans fond l’assiette qui va bien ou le moule à tarte idéal. Mais à quand le parapluie volant !
www.emanuela-cino.com

Sarah

Elle m’en a fait découvrir des beaux coins de Normandie ! Elle m’en a fabriqué des souvenirs joyeux ! La traversée à pied de la baie du mont Saint-Michel, c’était avec elle. La tentative loupée d’atteindre l’île Tatihou avant la marée aussi. Les plages du débarquement en maillot de bain, le joli village de Bayeux sous le parapluie, les marais bottes aux pieds et la Vire en kayak, encore elle !

Éternelle compagne de fous rires, elle a offert sans nulle doute la plus agréable des bases à mes pérégrinations normandes. Et quelle base puisqu’elle habite au cœur du majestueux haras de Saint-Lô. C’est ici que j’ai appris l’importance du cheval dans la région comme l’existence du mouvement des Incroyables Comestibles. C’est à sa table que j’ai goûté à ma première teurgoule et versé une larme en finissant une raie au beurre. Et c’est encore là que j’ai entendu le plus tonitruant des heula !