Le Cotentin en hiver – Étape 6

Le val de Saire

L’autre pointe du Cotentin, sculptée par l'homme, la mer et les embruns, et qui ne manque ni de douceur ni de tempérament.

Saint-Vaast la défensive

38 km / 37 min de la maison du parc naturel régional des marais

Saint « Va », comme on le prononce ici, est un charmant petit port bordé de maisons de pêcheurs. En son cœur, la robuste chapelle des Marins dédiée aux disparus en mer est le point de départ de la longue promenade vers le sud qui mène à la presqu’île de la Hougue. Tout au bout, le fort et la tour Vauban méritent la vingtaine de minutes de marche. La seconde tour, elle aussi classée au patrimoine mondial de l’Unesco, se trouve en face, sur l’île de Tatihou. Toutes deux furent construites pour se protéger des ennemis de toujours, les Anglais, après la désastreuse bataille de la Hougue en 1692.

De retour à la chapelle, remontez cette fois-ci au nord, à travers les quelques ruelles de Saint-Vaast. Au 27 rue de Verrue, la très belle épicerie Gosselin propose toutes sortes de spécialités régionales dont des fromages normands affinés sur place et une belle sélection de cidres et autres boissons à base de pommes. Pour déjeuner, La Bisquine est certainement le meilleur endroit où déguster la pêche locale, cuisinée ici à la perfection. On vous conseille aussi Le Chasse Marée, un bistrot à poissons qui nous régale avec sa choucroute de la mer et ses assiettes de coquillages. Rappelons-le, Saint-Vaast est la zone ostréicole la plus ancienne de la région et ses huîtres sont bien connues des amateurs pour leur goût de noisette.

Tatihou, l’été seulement

25 min à pied, 10 min en véhicule amphibie

L’île n’est qu’à quelques encablures du port et seulement accessible d’avril à septembre. Si vous êtes dans le Cotentin à cette période, faites la traversée, soit à pied à travers les parcs à huîtres si la marée est basse, soit en grimpant dans un drôle d’engin, bateau qui roule ou voiture qui flotte, selon le point de vue et la hauteur de l’eau. Prenez vos billets un peu à l’avance directement ici.

Tatihou au nom faussement exotique qui se prononce « Tatillou » est avant tout un site ornithologique. Emportez donc des jumelles ! Faites aussi un tour dans le jardin maritime et promenez-vous dans les landes jusqu’à la fameuse tour Vauban. De retour sur la terre ferme, filez au Goéland 51, un blockhaus transformée en bar de plage vraiment extra, au bout de la plage de Jonville, la seule orientée plein sud de toute la Normandie !

Détour divin

11 km / 14 min de la Saint-Vaast-la-Hougue

Sur la route de Barfleur, faites un crochet par l’église de Montfarville et glissez une petite pièce à l’entrée. Vous ne le regretterez pas. L’église s’illumine, levez le nez au-dessus des épais murs de granit blanc. Tout autour de vous, dix-neuf tableaux représentent des scènes bibliques. C’est un peintre du coin, Guillaume Fouace, qui décora cette église dans les années 1880. Il a donné ses traits à l’un des matelots de La Pêche miraculeuse et a représentée sa fille en ange Gabriel dans L’Annonciation.

Contemplation à Barfleur

2 km / 4 min de Montfarville

La plus belle vue sur le port de Barfleur s’admire depuis le phare du Cracko. L’unité architecturale de la ville est ici évidente. Les austères maisons de granit et de schiste sont parfaitement alignées. De là, on fait aisément le tour des quais en prenant le temps de s’aventurer dans la cour médiévale Sainte Catherine et dans les ruelles. Vous remarquerez que certaines façades ont un crochet à leur lucarne. Il sert à accrocher les filets de pêche. C’est que la ville vit toujours au rythme des marées, même si la « blonde », une variété de moule sauvage, se fait de plus en plus rare. Tout au bout du quai, le cimetière marin entoure l’église Saint-Nicolas, massive et sans clocher pour mieux affronter les vents. Avec le large pour horizon, l’endroit est paisible et invite à la méditation. Sur un rocher, une plaque rappelle que Guillaume partit d’ici à la conquête de l’Angleterre en 1066 et fit de Barfleur le plus important port normand du Moyen Âge.

Pour déjeuner ou dîner, La Bohème satisfera toutes les faims. Les crêpes sont gourmandes, les moules à la normande bien copieuses et les rillettes de maquereaux faites maison.

Grimpette à Gatteville

4,5 km / 9 min en voiture de Barfleur ou 1 h 30 aller-retour à pied

À l’ouest le raz Blanchard, à l’est le raz de Barfleur, celui-ci tristement célèbre pour avoir causé le naufrage de la Blanche-Nef en 1120 avec ses 300 passagers dont l’héritier du trône d’Angleterre. Pour protéger les navires de ce fort courant marin, il faudra attendre l’édification en 1835 de ce phare exceptionnel à plus d’un titre. Sept mille quatre cents tonnes de granit furent nécessaires à la construction de ce bâtiment de 12 niveaux, 52 fenêtres et… 365 marches. L’architecte devait avoir un calendrier sous le nez !
Si le vent n’est pas trop fort, vous pourrez accéder à la plate-forme extérieure. Après 10 minutes de montée, la vue est saisissante, ce qui est bien normal puisque vous voilà au sommet du deuxième plus haut phare de France. Retrouvez les horaires d’ouverture et les tarifs sur le site dédié.

Balade du phare au fort

18 km / 22 min du phare de Gatteville

Longez la côte jusqu’à l’anse du cap Lévi. Pas de doute, le coin a l’habitude d’essuyer les tempêtes. Des murets de pierres sèches découpent la lande, les maisons de granit aux murs épais sont blotties les unes aux autres. Depuis le port bien protégé, la balade jusqu’au fort ne prend qu’une bonne dizaine de minutes et offre un grand bol d’air. Il est possible de prolonger la balade le long du littoral pour une bouffée d’oxygène supplémentaire.

Un dernier petit plaisir

17 km / 24 min du cap Lévi

Vous voilà prêt à boucler la boucle. Plus que quelques kilomètres et vous serez de retour à Cherbourg. Une envie de mettre les pieds dans l’eau une dernière fois ? Faites un arrêt à l’anse du Brick. La crique est recouverte de sable à marée basse et l’eau cristalline. Il reste un peu de place dans votre coffre ? Filez chez Les Travailleurs de la mer. Voilà l’épicerie de nos rêves ! Vous y trouverez une excellente sélection de produits normands comme ce Saumon de France, unique saumon élevé en mer, dans assez d’espace pour réellement pouvoir nager, sans OGM ni antibiotique. Un délice ! Mais aussi tout ce qu’il faut pour un apéro ou un pique-nique normand réussi, des rillettes de la mer aux chips, sans oublier le plaid et la bière car c’est avant tout une brasserie. On en parle d’ailleurs dans notre article sur les bières normandes.

Notre carnet d’adresses dans le val de Saire

Où dormir dans le val de Saire

Plaisant exil

Fort du cap Lévi

Le lieu respire la simplicité et la tranquillité. Vous êtes au bout du Cotentin, entre landes et mer, bien protégé des embruns par les murs épais du fort. Cet élément de défense de la rade de Cherbourg date du XIXe siècle et appartient désormais au conservatoire du littoral. On peut y louer une des cinq chambres à la déco sommaire mais confortables, se faire livrer des plats sous la belle verrière, louer des vélos pour explorer la région et avec un peu de chance saluer les phoques au large.

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À partir de 75 euros, la chambre double, petit déjeuner en supplément

Retraite à l’usine

La Laiterie de Tocqueville

Une autre bonne adresse pour séjourner l’hiver, non loin de la mer. Le petit déjeuner est servi près de la cheminée, le thé de cinq heures dans le jardin d’hiver avec jeux de société à disposition. L’ancienne laiterie fondée en 1909 a été joliment rénovée par Laurence et Patrick et abrite quelques douillettes chambres. L’ancien garage a été transformé en charmant loft. Les volumes imposants et certains objets rappellent le passé de l’usine et son activité primordiale dans le Cotentin.

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À partir de 109 euros, la chambre double avec petit déjeuner