La côte des Havres

La côte des Havres démarre véritablement à Barneville-Carteret mais comme la station balnéaire est aussi le cœur de la petite côte des Isles qui fait l’objet du chapitre précédent, nous démarrons cette nouvelle journée par le plus photogénique de ces estuaires, celui de Portbail. Si vous marchez au café, faites un arrêt au Rendez-vous des pêcheurs, facilement reconnaissable à sa grande fresque, l’endroit est fort sympathique. Juste en face, le pont aux 13 arches vous mène au petit port puis à deux belles plages. À côté, l’église Notre-Dame a été reconvertie en salle d’exposition et se dresse fièrement face au havre.

Bon mais qu’est-ce donc qu’un havre ? C’est un port naturel, protégé par un cordon dunaire, et façonné à la fois par la mer qui pénètre dans les terres et les eaux douces de fleuve côtier qui se déversent en mer. Pour mieux comprendre ce va-et-vient des eaux, l’idéal est de prendre de la hauteur. Et ça tombe bien, la paisible bourgade accueille le club des Vikings Volants qui propose des vols en ULM pendulaire. On s’y installe un peu comme une moto, avec l’aile de deltaplane au-dessus de vos têtes en sus. Après avoir enfilé un casque et bouclé votre ceinture, vous vous envolez, tel un oiseau, au-dessus de ces paysages en perpétuel mouvement. L’absence de cabine offre une sensation de liberté totale, l’expérience est véritablement grisante. Et pour les plus angoissés, rappelons que les pilotes vikings sont tous expérimentés et que l’appareil est muni d’un parachute. Comptez 80 € la demi-heure. Pour décoller, c’est par ici.

Les 69 cabines de plage sont l’emblème de la petite station balnéaire. Elles sont aussi en passe de devenir le spot le plus photographié de la côte. Il faut dire qu’avec leurs toits acidulés, elles ajoutent une jolie touche de couleur en haut des dunes. En hiver, bien alignées sur deux rangées, elles affrontent les vents. Mais dès les beaux jours, les propriétaires en sortent jeux de plage, matériels de pêche et transats pour de beaux moments de convivialité. Au large trône le phare noir et blanc du Sénéquet. Et quand vient la marée basse, ce sont à perte de vue des casiers à huîtres qui se découvrent sur l’estran. Démarre alors le ballet des tracteurs et des ostréiculteurs.

On vous conseille de faire un crochet par l’Atelier des saveurs dans le centre-ville, pour une pause colorée d’un autre genre. Vous trouverez dans cette épicerie de quoi faire des cadeaux gourmands, normands et originaux, comme ces bulles de poire, ce pipi du dragon ou de la confiture de bisous.

De la Poulette, vous pouvez continuer à pied en longeant la mer ou reprendre la voiture et vous garer dans le centre d’Agon-Coutainville. Vous voilà dans la plus ancienne station balnéaire de la région. La plage immense est bordée d’une digue sur laquelle s’alignent de belles villas contemporaines, d’autres datant du XIX^e et XX^e siècle. Les curieux pousseront encore plus loin au sud, au bout de la flèche d’Agon, près du phare. Empruntez le GR 223 qui en fait le tour ou traversez les herbus sur lesquels pâturent paisiblement des brebis. Quel que soit le sentier, vous aurez la même impression de bout du monde. Prenez le temps d’apprécier la vue sur l’estuaire démesuré de la Sienne, admirez le havre et ces paysages mouvants au gré de la marée et du soleil couchant.